L’auteur-compositeur-interprète Ben Mazué sort en 2020 son 4e album Paradis. Un bilan de sa vie à l’aube de la quarantaine et après sa séparation. Le titre Paradis fait référence à son paradis sur terre : l’île de la Réunion. Il est des albums qu’on écoute comme on prend des nouvelles d’un ami. Celui de Ben Mazué est de ceux-là.
Bien entendu, il sait que rien de ce qu’il ne nous dira n’aura de sens s’il ne commence pas par le grand changement qui a bouleversé sa vie. Oui, c’est la moitié de sa vie qui disparaît. C’est tantôt teinté d’espoir, tantôt de mélancolie. Il nous rassure. C’est fini, mais ça va aller. Cette résilience bat au coeur de ce qu’il nous raconte. On l’écoute, surpris de le retrouver plus grand qu’avant, il nous parle d’un paradis, d’un divin exil où il n’a pas trouvé sa place, de ses enfants et d’elle, beaucoup. Des ruines du plus beau combat, des restes d’un amour énorme. Il va bien, mais les silences sont chargés d’émotion. Ce qu’il ne nous dit pas par pudeur, les cordes et les cuivres s’en chargent. Il fallait toutes ces circonvolutions, tous ces mots précis, parfois chuchotés, parfois criés comme arrachés de ses tripes, ces pianos bleus, ces arrangements d’une intelligence émotionnelle rare, ces cordes et ces cuivres montés en larmes, il fallait tout ça pour entendre ce qu’il nous dit quand il nous répond “Ça va.” Il tient à nous rassurer avant qu’on le quitte. C’est le temps des jours heureux.